"et ils reçurent le consolament des hérétiques et furent brûlés..." (déposition de Bérenger de Lavelanet)
Montségur dimanche 13 mars.
Il fait doux et pourtant le ciel gris nous conte des blessures de neige.
Entre terre et ciel la roche a un parfum d' automne, mais déjà ça et là quelques fleurs ont oublié l'hiver.
Le murmure du torrent remonte le long des falaises, les maisons ruinées s'accrochent depuis des siècles au roc habité par les vents.
Assis au bord de l'abime, j'imagine les feux éclairant leurs visages, leurs regards fascinés par la danse des flammes je vois leurs mains qui tremblent et leurs bouches qui prient.
Montségur, passé pietiné, horizon infini, ils étaient ce dimanche 13 mars, en 1244 une vingtaine au destin de cendres, à oublier les flammes...Des hommes et des femmes qui gardaient en leur coeur, un horizon plus haut que le ciel, une musique plus forte que l'éternel silence, une prière au coeur plus jamais interdite.
On vous a brûlé, vifs, avec les deux cent autres...
Je ne laisserai personne vous voler ces instants, récuperer vos cendres, vous voler votre humanité.
Un grand corbeau noir vient survoler la ruine, Il est venu voir ce que je faisais, puis il est reparti. Je l'envie dans sa danse funèbre jouant avec le vent...
Je vais quitter la maison au bord du monde , et confier aux oiseaux, le secret des nuées aux horizons de cendres.
Jean-Louis GASC