17 avr. 2009

Villerouge

Je me souviens de ce château: c'était la nuit et des torches brillaient tout le long du chemin. Devant moi des chevaux et des chants religieux, plus loin l'Archevêque de Narbonne et sa cour... La nuit était la dernière celle du grand bûcher, celui qui allait dévorer le corps de Guilhem Bélibaste, le Bon Homme, le Bon chrétien... L'hérétique.
Le passeur a eu beau crier : "Non!"
Mais comment aujourd’hui arrêter le temps fini ?
Pour dire quoi?
Les flammes crépitaient et brillaient dans nos yeux, la musique du monde commençait à faire danser nos corps, un peu comme celui dans les ombres des flammes. La cornemuse entraînait les fers des chevaux claquant sur le pavé.
C'était en 1321 ou au siècle dernier et on ne pouvait rendre un plus bel hommage à l'homme exécuté.
Aujourd'hui rien, un peu de silence et le château tranquille. Le passé est redevenu propre et fréquentable. Même mon livre pourtant grand public n'est pas en vente à l'accueil des touristes... Dérangerait-il quelqu’un ?
Il ne faudrait donc pas dire que c'était bien que de montrer cela et d'avoir parcouru les chemins de la mémoire avec justesse historique et précision artistique? Je m'en moque car je garde au cœur cette nuit, quand le feu des hommes avait oser défier les étoiles célestes, en vain...
> Almouni